À la rencontre de Taylor Moore
Interview |
Jeudi 17 août 2023 - 16:26
Il a été la première recrue de ce mercato estival pour le VAFC : Taylor Moore. Rejoignant nos rangs le 23 juillet, notre nouveau défenseur central de 26 ans a été titularisé lors de nos deux premières rencontres de championnat. L'occasion pour nous de discuter avec lui, de son intégration, de ses premières impressions et de ses ambitions pour la saison à venir.
Q : Taylor, merci pour cet entretien. Pour commencer, comment te sens-tu ?
R : Je me sens bien, voire même très bien. Les premiers résultats n’ont pas été positifs mais quand on voit l’envie et la détermination du club de haut en bas, cela nous donne de quoi rester positif. Mon retour en France se passe bien, c’est une région que je connais bien donc je suis ravi de retrouver le nord, de retrouver la chaleur des gens d’ici.
Sur le plan sportif, je suis impressionné par tout ce que le coach veut mettre en place, par ce groupe qui vit bien ensemble. Il faut maintenant que les résultats penchent en notre faveur et j’irai encore mieux.
Q : Tu as donc fait ton retour en France, peux-tu nous expliquer ton parcours pour ceux qui ne te connaissent pas ?
R : Je suis né à Londres, j’ai vécu en Angleterre jusqu’à mes 7 ans. Ensuite, je suis arrivé en France par choix de mes parents. On a décidé de s’installer du côté du Touquet dans le Pas-de-Calais. On se sentait super bien, nous étions censés rester là-bas une année mais finalement, nous sommes restés pendant 12 ans. J’ai commencé à jouer pour le club du coin qui nous avait été conseillé : Étaples. Ça m’a beaucoup aidé à m’intégrer.
Q : C’est là-bas que tu as commencé le football ?
R : Non, j’ai commencé en Angleterre, j’ai joué à l’académie de West Ham. À mon arrivée en France, c’est Étaples que j’ai choisi. Franchement, c’était top pour l’intégration, surtout quand tu es jeune, tu es anglais et tu ne parles pas la langue locale, le foot ça aide énormément.
À mes 11 ans, j’ai été repéré par Lens après avoir participé aux journées de détection. À ce moment-là, je me sentais trop jeune pour quitter le foyer et je leur ai promis que je signerais l’année d’après, c’est ce qui est arrivé. J’arrive donc à 12 ans au centre de préformation du RC Lens, j’y ai ensuite passé 8 ans, c’est une grande partie de ma vie.
Q : C’est également là-bas que tu as signé ton premier contrat professionnel.
R : C’est ça, j’avais 17 ans quand j’ai signé mon premier contrat pro. J’ai connu Lens dans une période très compliquée et maintenant, ils finissent deuxième de Ligue 1, ça donne envie de prendre exemple sur eux.
Q : Tu quittes ensuite rapidement le RC Lens ?
R : Oui, en début de saison 2016/2017, lors de la préparation, on m’a clairement dit qu’on ne comptait pas sur moi et l’entraîneur m’a encouragé à chercher un nouveau projet. J’ai forcément cherché en Angleterre puisque j’avais disputé des matchs de sélection là-bas, c’était important de trouver un bon club dans lequel j’allais pouvoir jouer. Quand tu es jeune, tu penses à l’Angleterre et tu as des étoiles plein les yeux mais il faut aussi aller dans un endroit où tu veux t’installer.
À 19 ans, le projet de Bristol City s’est présenté, ça a très bien débuté pour au final faire pas mal d’années en prêt (Bury FC, Cheltenham Town, Southend United, Blackpool FC, Heart of Midlothian, Shrewsbury Town). J’ai un peu été balancé à droite à gauche donc c’est forcément perturbant. J’ai finalement passé 7 ans sous contrat avec Bristol, j’en garde tout de même une très bonne expérience que ce soit là-bas ou dans les clubs où j’ai été prêté. Le football anglais, ça fait rêver, même dans les divisions inférieures. Je n’ai pas forcément de regret, au final ça fait de moi le joueur et l’homme que je suis. C’était important pour moi de m’engager dans ce nouveau projet au VAFC et trouver un peu de stabilité.
Q : Tu as évoqué ton passage en sélection, peux-tu nous en dire plus sur ton parcours international ?
R : À 15 ans, j’ai fait les détections pour l’Équipe de France U16 mais c’était compliqué étant donné que je n’avais pas encore la nationalité française, il aurait fallu qu’un de mes parents la prenne aussi. On a décidé d’attendre que l’équipe d’Angleterre nous approche et c’est ce qu’il s’est produit. Un an plus tard, j’honorais ma première sélection en U17. Par la suite, on a remporté l’Euro U17 en 2014 (finale remportée face aux Pays-Bas) puis j’ai enchaîné : U18, U19 où l’on dispute l’Euro également, U20. En U18, je suis devenu capitaine de l’équipe. Après, ça s’est malheureusement arrêté en U20 mais quand tu vois le niveau chaque année chez les jeunes en Angleterre… C’était impressionnant de jouer avec des joueurs exceptionnels et c’est drôle de voir qu’à 26 ans, on a tous pris des trajectoires différentes.
Q : Aux côtés de quels grands joueurs as-tu évolué en sélection ?
R : Il y en a eu pas mal… Joe Gomez, Dean Henderson, Fikayo Tomori, Maitland-Niles qui vient d’arriver à l’OL puis mal d’autres qui évoluent en Premier League. C’était assez exceptionnel de vivre ça, ça ne peut que te servir pour le futur.
Q : Comment s’est passée ton intégration au VAFC, on imagine que le fait de parler couramment français t’a facilité les choses ?
R : Oui, bien sûr. Ça s’est très bien passé, le fait de pouvoir parler plusieurs langues peut être utile aussi pour le club, je suis là pour aider tout le monde et quand il y a des joueurs qui arrivent et qui ne parlent que l’anglais, j’ai ce rôle d’intermédiaire.
Je n’ai que 26 ans, je suis encore jeune mais quand tu rentres dans un vestiaire encore plus jeune, c’est toujours bon de partager ton expérience et de savoir que tu peux les aider à s’installer dans le monde pro car ce n’est pas donné, je l’ai vécu. Je pense qu’à 18-20 ans, je regrette peut-être un peu de ne pas avoir eu quelqu’un d’expérience avec moi, sur lequel je pouvais compter. J’essaie de transmettre le plus possible, c’est un groupe qui vit bien, les jeunes veulent travailler, à nous d’intégrer tout ça sur le terrain.
Q : Pourquoi avoir choisi le projet le valenciennois ? Tu parlais de cette volonté de te stabiliser tout à l’heure, c’est ça ?
R : Oui. Et puis, quand tu vois un club comme Valenciennes, qui a connu quelques années difficiles par le passé, avec des installations comme on a ici, se faire racheter par des repreneurs avec des ambitions de remonter en Ligue 1 dans le futur, ça donne envie d’être un élément clé du projet. La stabilité c’est également quelque chose d’important, j’ai envie de m’inscrire sur la durée ici, j’ai aussi une partie de moi qui a l’impression de rentrer chez moi quoi. Rentrer en France, dans le Nord, c’était important. À 26 ans, t’as besoin d’un petit changement, d’un nouveau rôle, de te sentir important. Mon ambition ici est d’aider le club, aider Sport Republic, aider le coach et le directeur sportif à mettre en place leur projet et de vivre quelque chose de beau ici.
Q : Peux-tu nous en dire plus sur tes objectifs personnels et collectifs ?
R : Sur le plan personnel, j’ai envie d’évoluer au plus haut niveau possible et il n’y aucune raison de ne pas le faire ensemble, ici à Valenciennes. Je pense que collectivement, on doit cette saison stabiliser le club, l’éloigner des moments compliqués qu’il a pu connaître. Il va falloir du temps, il faudra être patient, on sait que la Ligue 2 est un championnat réputé et difficile, il y a beaucoup de clubs qui ont comme ambition de monter. Il faut maintenant mettre en place des structures, un plan de jeu qu’on apprend petit à petit. On est un peu tous nouveau ici, il y a une nouvelle direction, un nouveau staff et de nouveaux joueurs qui arrivent donc je dirais qu’il faut s’armer de patience en ayant cette envie de progresser et de travailler ensemble.
Q : Pour ceux ne t’ont jamais vu jouer, quel type de joueur es-tu sur le terrain ?
R : Je pense être quelqu’un de droit. Je me bats toujours pour le club pour lequel je joue. Quand on grandit ici dans le Nord, on sait ce qu’apprécient les gens : du travail, de la rigueur. Quand tu ressens un public comme celui de Valenciennes comme on a pu le voir lors de notre premier match à domicile, ils demandent à ce qu’on se donne à fond. Je pense que mon jeu se base surtout sur ça, la « gnac » à l’anglaise, je peux aussi être un leader dans la défense. Mes qualités balle au pied et dans le jeu aérien notamment sur coups de pied arrêtés défensifs ou offensifs pourront apporter quelque chose à l’équipe. Comme je l’ai dit précédemment, je suis également là pour aider ce groupe jeune et talentueux et par-dessus tout, j’ai cette envie de me donner à fond, tout le temps.
Q : Nous recevons Guingamp, samedi à 19 heures pour le compte de la 3ème journée de Ligue 2 BKT, comment appréhendes-tu cette rencontre ?
R : Je pense que ça va être compliqué, c’est une belle équipe, ils ont beaucoup de bons joueurs. C’est vrai que nos deux derniers résultats n’ont pas été positifs mais il y aussi des périodes dans les matchs où nous pouvons en tirer du positif. Je pense qu’on va construire sur ce qu’on a fait de bien, on ne va pas dire que tout a été négatif car ce n’est vraiment pas le cas. Il va falloir essayer de se stabiliser un peu, concéder moins d’occasions, de buts et être tueurs devant les cages, que ce soit pour les attaquants mais aussi pour nous, défenseurs. Quand on parle du match dans le vestiaire, on a tous cette envie de se sortir les deux premières journées de la tête et se concentrer sur Guingamp. C’est certes une belle équipe mais il va falloir toutes les jouer à un moment donné donc autant attaquer tout de suite avec l’envie de retrouver un résultat positif dès maintenant.
Q : Pour terminer, aurais-tu un mot pour les supporters ?
R : J’aimerais leur dire merci. Merci pour l’intégration ici, que ce soit ceux qui sont à la sortie de l’entraînement ou ceux au stade. Nous sommes tous connectés via les réseaux sociaux aussi et on se sent valorisé, même après les deux premiers résultats, il y a beaucoup de messages d’encouragements que je vois passer sur Twitter, sur Instagram. Ça fait plaisir d’avoir un public qui comprend la situation du club, qui comprend que nous sommes en transition mais qui a aussi l’espoir, comme nous, de faire les choses biens. Merci à vous et sachez que je me battrai pour ce club.
Le VAFC remercie Taylor Moore pour cet échange et lui souhaite le meilleur pour la suite de son aventure sous nos couleurs rouges et blanches.