« VA est un challenge extrêmement passionnant »: Découvrez la première interview de Stéphane Moulin au VAFC

Nommé entraîneur du VAFC ce mercredi 21 mai, Stéphane Moulin retrouve un banc de touche deux ans après avoir pris du recul pour raisons personnelles. Âgé de 57 ans, le technicien, qui est resté dix ans à Angers (2011-2021) puis deux saisons à Caen (2021-2023), est prêt à relever le défi valenciennois. Ambitions, projet, formation… le nouveau coach de VA dévoile sa méthode.

Pourquoi avez vous décidé de vous engager au VAFC ?

Pour plusieurs raisons. La première étant que j’avais déjà été sollicité au mois de novembre et j’avais eu de très bons contacts avec les dirigeants. À ce moment là, je ne me sentais pas tout à fait prêt pour arriver en cours de saison et bouleverser notamment l’équilibre de ma famille. Mais les contacts avaient été très bons et cette nouvelle sollicitation marque quelque part une grande confiance de la part d’un club qui est une place forte du football français. Donc c’est pour moi un challenge attrayant d’arriver dans un club qui a tout pour retrouver la Ligue 2, dans un premier temps, avec des ambitions mais aussi des moyens humains et financiers, des infrastructures et un public. C’est un club qui n’est pas à sa place dans ce championnat National. Le challenge est évidemment difficile mais c’est aussi extrêmement passionnant et intéressant. Et puis c’est aussi pour moi l’occasion de revenir aux affaires après deux années où le football me manquait de plus en plus.

Vous aviez envie de revenir depuis plusieurs mois ?

Oui, Je suis un passionné de foot. Mais il y a des périodes où les aléas de la vie font qu’on a d’autres priorités. Au fil du temps, ça m’a manqué. J’ai retrouvé de l’énergie, beaucoup de motivation et de détermination. Inévitablement, tout est revenu comme avant. Quand on est passionné de football de manière aussi intense que je le suis, le manque revient et je dirais que c’est bon signe.

Qu’est-ce qui vous a le plus manqué ?

Beaucoup de choses, mais en priorité le terrain, le jeu, l’adrénaline. Et puis créer un environnement dans lequel on se sent bien, à savoir la cohésion d’une équipe, le partage avec un staff et ses dirigeants, la relation avec le public. Il me manque le but marqué à la 90ème minute, cette adrénaline qu’on retrouve beaucoup dans le foot et qu’on n’a pas beaucoup ailleurs finalement. Quand on a vécu des moments très forts, il y a un moment où ça manque.

Le club vient de terminer 9e du National. Quel est l’état des lieux que vous faites avant d’arriver au VAFC ?

Malheureusement, le VAFC vit ce qui arrive souvent aux clubs qui sont relégués d’une division. L’année qui suit n’est pas forcément l’année la plus facile à gérer pour tout le monde. C’est vécu comme un échec, un traumatisme parfois. Vous voulez remonter tout de suite mais il faut aussi panser les plaies et on ne peut pas faire les deux en même temps. Il faut d’abord évacuer tout ça. Et puis, vous êtes aussi l’équipe à battre quand vous descendez de Ligue 2. Et quand on a un nom comme Valenciennes, c’est encore plus fort. Tout le monde est d’accord pour dire qu’un club comme VA mérite une autre dimension. Mais il faut s’adapter. Donc il y a des étapes et je pense que cette première étape a été difficile.

Maintenant, je pense qu’après cette saison-là, les douleurs sont moins grandes, mais il ne faut pas s’y habituer. Il faut repartir car manifestement, ce n’était pas la saison attendue. Je connais le football, c’est très compliqué. Tout le monde espère, tout le monde souhaite, tout le monde veut. Malheureusement, à la fin, il n’y a pas beaucoup d’heureux.

Quelle seront vos priorités en arrivant au club ?

Ça va être déjà de faire connaissance avec l’effectif que ce soient les joueurs restants ou les nouveaux qui vont arriver et qui seront certainement assez nombreux. Faire connaissance aussi avec l’environnement, les dirigeants, le staff, donc il va y avoir un travail d’approche sur le plan relationnel qui va être extrêmement important. J’ai la chance de pouvoir démarrer sur un début de saison, ce qui n’est pas rien.

Et puis, on va essayer de faire oublier la saison dernière, de redonner de la confiance à certains joueurs qui l’ont perdu. Ensuite, on va mettre en place très rapidement ce que je souhaite sur le plan footballistique et sur le plan de l’état d’esprit. Les ambitions, c’est bien de les avoir oralement mais il faut les montrer sur le terrain, donc il y aura un vrai travail de découverte, mais aussi une volonté de repartir sur quelque chose de nouveau.

Avec quelle ambition justement ?

L’ambition, elle est claire : le club veut retrouver la Ligue 2 donc le plus vite possible sera le mieux. Après, tous les championnats sont difficiles et le championnat National n’échappe pas à la règle. Je connais les ambitions, je connais les objectifs mais je ne suis pas un magicien. J’ai beaucoup d’humilité parce que le football en demande. Mais ce que je peux promettre, c’est du travail, de la volonté et un bon état d’esprit. On va essayer de mettre en place quelque chose, mais aujourd’hui c’est bien trop tôt pour parler de quoi que ce soit. Quoi qu’il arrive, j’ai bien conscience du club dans lequel j’arrive et c’est aussi pour ça que je viens.

Que connaissez-vous du VAFC par votre passé de joueur et d’entraîneur ?

J’y ai joué bien des fois. En tant que joueur j’ai joué à Nungesser avec Angers. Je les ai aussi affrontés en Ligue 2 en tant que coach au Hainaut avec Angers et Caen. VA, c’est un club historique. Ce sont des clubs qu’on suit toujours parce qu’il ont eu un passé avec des périodes de gloire et ce sont donc des clubs qui ne laissent pas insensible, des clubs qui ont eu un passé important et qui l’ont perdu. Mais un jour ou l’autre, ils le retrouvent, et c’est pour ça que je suis venu. C’est donc à nous de trouver très rapidement une bonne cohésion. On va essayer de bien travailler pour pouvoir constituer une équipe compétitive.

Quel type d’entraîneur êtes-vous ?

C’est toujours difficile de se définir mais je recherche toujours un football avec une vraie organisation, un football tourné vers l’avant. J’aime bien quand ça bouge, quand c’est dynamique, quand c’est enthousiaste. J’aime bien qu’on déclenche des choses, qu’on les provoque plutôt que d’attendre que ça se passe. Je préfère aller provoquer que subir. Après, on peut aussi avoir des volontés et devoir se plier aux réalités du terrain. On va laisser le temps au temps pour que chacun puisse se faire son opinion.

Vous arrivez au VAFC avec Patrice Sauvaget, c’était important pour vous de venir avec un adjoint ?

Oui parce que c’est plus facile de faire passer ses idées et ses principes quand on est deux. C’est important aussi de venir avec quelqu’un de confiance. On fera tout pour s’intégrer parce que c’est une de nos forces. Et je sais qu’on sera certainement aussi intégré par les autres membres du staff. J’ai ma méthode avec Patrice, on la mettra en application mais on doit s’adapter à l’environnement, au contexte, aux ambitions, à l’histoire du club, aux gens qui y travaillent, aux supporters qui viennent au stade… On va s’adapter à tout ça pour pouvoir non seulement donner le meilleur de nous-mêmes, mais aussi essayer de satisfaire tout le monde.

Vous vous êtes forgé une réputation de bâtisseur à Angers où vous êtes resté dix ans à la tête du club. Que vous a apporté cette expérience?

Elle m’a apporté la confirmation que le travail porte ses fruits. Quand on travaille, on aime bien être récompensé. On retient souvent le meilleur et j’en suis ravi mais on est aussi passé par des moments difficiles qu’il y aura certainement à Valenciennes. Mais quand on croit à un projet et qu’on s’y investit à 100%, ça peut donner des bons résultats. La chance que j’ai eue à Angers, c’est qu’on m’a laissé le temps de travailler et de mettre mes idées en place. Et puis, tout le monde a toujours tiré dans le même sens. C’est aussi ce que je recherche dans le travail : le collectif, l’osmose avec toutes les composantes du club. Quand vous arrivez à créer une force collective comme on l’avait, vous pouvez renverser des montagnes et c’est ce qui s’est passé.

On était partis pour faire la même chose à Caen mais je n’ai pas été au bout de l’aventure pour raisons personnelles. L’idée, c’est donc de construire quelque chose de solide. Je préfère toujours commencer par les fondations plutôt que de commencer par la déco. Il faut quelque chose de solide sur lequel on peut s’appuyer tranquillement sans que tout soit remis en question dès que ça ne fonctionne pas. Il faut aller dans l’ordre des choses, étape par étape. Au VAFC, il faut que ce soit de l’accéléré, j’en ai conscience, mais on va faire ce qu’il faut pour que ça se passe comme ça. Il y aura des étapes par lesquelles il faudra passer pour que l’équipe se sente solide sur ses bases.

Dans ce cadre-là, quelle importance accordez-vous à la formation qui a toujours été importante au VAFC?

Je considère que dans toute équipe, il doit y avoir un équilibre, et dans cet équilibre, il y a effectivement une place pour les jeunes. Ce n’est pas un problème pour moi car à Angers j’ai fait jouer des garçons de 17 ans en Ligue 1. Par exemple, on a eu Sofiane Boufal, Rayan Aït Nouri encore Nicolas Pépé qui font des sacrées carrières. Souvent, les jeunes, il faut leur laisser un peu de temps. Sauf que quand on doit gagner, c’est difficile d’être en apprentissage. Donc je considère que les jeunes, c’est un atout à partir du moment où, tout simplement, ils sont au niveau.

Moi, je fais jouer un jeune parce qu’il est bon, je ne fais pas jouer un jeune parce qu’il est jeune. Une fois que tout le monde est au niveau, on ne joue pas avec sa carte d’identité, ce n’est pas ma manière de fonctionner. Par contre, ce n’est pas parce qu’on est jeune qu’on a plus de chances de jouer que quelqu’un d’autre. On joue parce qu’on mérite de jouer, on joue parce qu’on va apporter à l’équipe. C’est dans cette optique-là que je vois les choses, et que s’il y a des jeunes qui méritent de jouer, ils joueront. Il n’y a même pas de question pour moi, ce n’est pas un débat.

Pour conclure, quel message souhaitez-vous adresser aux supporters de VA?

J’ai envie de leur dire : continuez de soutenir votre club et votre équipe, nous on va donner le meilleur pour vous satisfaire. Et continuez d’être aussi fidèles et de croire au projet de votre club. Ils savent aussi bien que moi, sinon plus, que dans l’histoire d’un club, il y a des passages un peu plus difficiles. C’est comme dans une vie: il y a des moments difficiles mais à un moment, après les nuages et parfois la tempête, vient le beau temps. ll n’y a jamais rien d’irrémédiable dans le foot. D’une année à l’autre, tout peut changer. Il faut juste en avoir envie, et puis avoir confiance.

Un public et une équipe, ça ne doit faire qu’un à un moment donné. J’ai bien conscience aussi que c’est plus facile pour les supporters de suivre leur équipe quand elle leur donne satisfaction. Mais je trouve qu’à Valenciennes les supporters sont présents, fidèles, constants, ce qui n’est pas le cas partout. C’est une vraie force. Ce sera à nous de nous en servir, et pour nous en servir, il faudra être performant.

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